Meta décide de ne pas suspendre les comptes Facebook et Instagram de l’ancien premier ministre cambodgien


Hun Sen, l’ancien premier ministre du Cambodge, lors de la conférence de presse confirmant la passation du pouvoir à son fils Hun Manet, le 22 août.

L’ancien premier ministre du Cambodge Hun Sen, qui a dirigé le pays durant près de quarante ans avant de céder, à la mi-août, le pouvoir à son fils Hun Manet, va pouvoir conserver ses comptes Facebook et Instragram. Une décision de Meta, la maison mère des deux réseaux sociaux, qui contrevient aux recommandations émises par l’Oversight Board, une autorité indépendante financée par Meta, que l’entreprise a mise en place pour arbitrer les décisions de modération complexes ou particulièrement sensibles.

Le 8 janvier, Hun Sen avait diffusé sur sa page Facebook un discours fleuve dans lequel il menaçait d’attaquer en justice les personnes critiques à son égard, se disant prêt à utiliser la violence. « Il n’y a que deux options, utiliser les procédures judiciaires, ou utiliser les bâtons. Qu’est-ce que vous préférez ? (…). Soit vous aurez un procès, soit je demanderai aux militants du [Parti du peuple cambodgien] d’organiser une manifestation et de vous tabasser. » La vidéo avait été signalée par plusieurs internautes aux équipes de modération de Facebook, mais elle était restée en ligne. Un choix contesté par des utilisateurs de la plate-forme auprès de l’Oversight Board.

Décisions trop lentes

En juin, ce dernier avait rendu ses conclusions, estimant que la vidéo aurait dû être supprimée, et recommandait par ailleurs la suspension pure et simple des comptes de Hun Sen. Les décisions de cette « cour suprême » sont contraignantes en ce qui concerne les suppressions ou restaurations de contenus, mais l’entreprise n’est, en revanche, pas tenue de suivre ses « recommandations » à propos des suppressions de comptes. Lundi, Meta a donc annoncé que la vidéo avait été effacée, mais a estimé que la suppression des comptes de Hun Sen ne se justifiait pas.

« Nous avons déterminé que la suspension des comptes de Hun Sen n’est pas appropriée », écrit ainsi Meta. L’entreprise prévoit que les comptes de personnalités politiques importantes ne peuvent être supprimés qu’en cas de crise grave, et estime que lorsque Hun Sen a publié cette vidéo « la situation au Cambodge ne réunissait pas les critères définissant une crise [avec risque imminent de violences] ». La décision a ravivé des critiques récurrentes relatives aux limites du pouvoir de l’Oversight Board, dont les procédures sont longues et parfois perçues comme insuffisamment contraignantes, sachant que Meta dispose de soixante jours pour appliquer les demandes de ce conseil.

Au début du mois de juin, après l’annonce de la décision de l’Oversight Board, Hun Sen avait lui-même fermé temporairement ses comptes Facebook et Instragram et menacé de bloquer Facebook dans l’ensemble du pays. Il avait finalement réactivé ses comptes juste avant l’élection législative de juillet, lors de laquelle son Parti du peuple cambodgien a remporté 120 des 125 sièges du Parlement, après l’interdiction du principal parti d’opposition.

Le Monde



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